L'intrus (extrait)

Publié le 20 Février 2011

Mais non…

Mais si !

Mais comment ?

Mais qui ?

Mais quoi ?

Mais pourquoi ?

Mais où ?

Mais enfin de quel droit ?

 

« Eh bien voilà ! Ça y est ! C’est fait ! Il peut être content… heureux… fier de lui… de son travail… de sa prouesse… de son œuvre… »

 

Ah, c’est ainsi ? Eh bien c’est du joli … C’est du propre ! Ah, c’est comme ça… Ainsi donc c’est comme ça. Eh bien non. Je préfère me taire…. Voilà, on va dire comme ça. Peut-être est-ce vous qui avez raison alors. Après tout, pourquoi pas ?

 

Il a coupé. Il l’a coupé dans son élan. Au moment où… À l’instant où… À l’endroit où… À la minute, à la seconde même où il allait nous dire, nous annoncer, nous révéler…

Mais non, il a fallu… Il aura suffi… Il a cru… Il s’est obligé… Il s’est senti… Il s’est cru en droit de… c’est cela, il s’est senti en veine… Il a coupé le fil de ses pensées… des pensées… insensées… Il a, lui aussi, jeté le voile sur le dévolu de son œuvre, retiré…

 

Comme si de rien n’était… Comme si de peu s’en fallait…Comme s’il devait… Comme s’il pouvait… jeter son dévolu, résolu, révolté, survolté, exalté, emballé… Il a déballé… Il a lâché le morceau en pleine partie, il a déparé, il s’est emparé de sa parure, de sa parture, de son parterre… de sa partie, de sa partition pour jouer, pour se la jouer, pour se la donner…. pour lui souffler, pour lui couper le souffle, pour l’étouffer… Il s’est gonflé pour le dégonfler, il s’est enflé pour le débaucher, pour lui ôter de la bouche, ce que nous savions tous être, sans appel et, pour ça, il ne sera pas remercié… Il sera remercié… Il ne sera pas gratifié des honneurs qui ne lui reviennent pas de droit… pas du droit d’usurpation.

 

Nous y étions.

Nous le croyions. Nous le savions. Nous allions savoir. Nous allions enfin pouvoir apprendre, savoir, comprendre. La voie de la connaissance allait s’ouvrir à nous, nous épanouir, nous tenir, nous tenir en haleine. Nous allions tenir, nous allions pouvoir retenir, nous allions finalement détenir, nous, nous allions entretenir… mais il a tout défait de son méfait à vouloir se croire parfait.

Si seulement il avait pu s’abstenir… mais il n’a pas pu y parvenir. Il a cru devoir survenir. Il a cru de son devoir de survenir.

Surgir.

Mugir.

Rugir…

 

Rien !

Plus rien…

Rien que le silence béant sur ses lèvres entrouvertes. Le silence saillant, amputé à vif par cet assaillant. Tranché net, rasé, arasé…



Jesse CRAIGNOU

Rédigé par paroles-et-musique.over-blog.com

Publié dans #Nouvelles Histoires - Short Stories

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