Les Caprices de la Gloire

Publié le 6 Novembre 2015

J’ai choqué un de mes amis dans une discussion récente quand je lui ai dit ma surprise de voir à quelle vitesse Serge Gainsbourg avait disparu de la mémoire infidèle de son public…

Serge Gainsbourg n’a pas disparu !’ a failli s’étrangler le grand fan qu’il était… tout comme moi d’ailleurs… mais quand je lui ai demandé la dernière fois qu’il l’avait écouté, il a été incapable de s’en souvenir…

C’est un fait des hommes que la mémoire, comme l’amour, peut être très volage… et nous en trouvons ici une autre preuve…

Le boutonneux Serge Gainsbourg a mis longtemps à fleurir sur les plateaux et les lèvres… son physique ingrat cachait son talent… jusqu’au jour où sa lueur a percé dans l’obscurité de sa nuit… et il s’est fait un nom et a fait des stars et des émules… suivront bien sûr sa compagne Jane Birkin et leur fille Charlotte… avant de faire place à Bambou et leur fils Lulu… même si à dose de reconnaissance et talents inégaux… il faut bien reconnaître que la deuxième vendange gainsbourgeoise à été bien moins juteuse que la première…

Tout au fil des années, il a été le mentor tour à tour de Brigitte Bardot, de Catherine Deneuve, d’Isabelle Adjani, de Diane Dufresne… et finalement de Vanessa Paradis… là encore avec des fortunes différentes… Serge Gainsbourg est même allé jusqu’à ce réinventer en Gainsbarre… Serge Gainsbourg s’est taillé la part du loup en s’autoproclamant l’apôtre de la provocation… une vocation qui a toujours pour effet de faire rapidement monter son homme au plus haut… mais plus rapide et plus dure est sa chute… comme nous l’a encore récemment montré Miley Cyrus… qui a fini par écoeurer son public américain par trop prude et le faire fuir… pour ne la voir revenir qu’en fille de son père… célèbre surtout pour un titre… maigre lot de consolation… qui ne paie pas ses émules… le seul résultat du tapage c’est le ravage…

Pour autant… beaucoup se sont essayés à son style avec des réponses pour le moins mitigées… Isabelle Antenna et Gina X l’ont repris… et Jacques Dutronc s’en est épris au point qu’ils s’est souvent pris pour lui… à sa manière Alain Bashung a marché sur ses traces… mais aujourd’hui les radios et télévisions qui l’ont porté aux nues l’ignorent ou le boudent… les mêmes qui n’ont pas oublié les Coluche, Desproges, Yanne, …

Si les maisons de production pouvaient prédire les heurs de leurs recrues, leurs fortunes seraient faites sur un parcours sans faute… mais là encore on a beau réunir les meilleurs cuisiniers avec les meilleurs recettes, leurs plats ne plairont à pour autant à tous les attablés… d’ailleurs beaucoup de cuisiniers y ont cru et sont passés à la trappe après être passé à la casserole et au laminoir…

Je connais une grande star de la chanson britannique, Joan Armatrading, qui a beau remplir les plus grandes sales de concerts en quelques minutes de l’édition des billets… et vendre plutôt bien ses albums… ses singles font du surplace… malgré le titre d’un James Bond… et l’admiration sans faille des journalistes et des gens du milieu… d’autant plus curieux que sa présence scénique est la pire jamais observée… que dire ? Son public aime la voir et l’entendre… et tous ses albums, pourtant de genres très variés, se vendent… elle est un genre à elle seule dans son exception…

Comme pour Gainsbourg le monde du spectacle regorge de fils et filles de qui (heureusement) ne connaissent jamais même de loin le succès de leurs parents… si les médias les encensent, le talent n’est pas génétique… Jacques Higelin a mis toute sa famille sur scène… mais le public reste de marbre… et a d’ailleurs fini par l’oublier lui-même…

La combinaison, qui semble idéale, du talent, de la beauté et du bon matériel n’assure pas que la sauce va prendre non plus… elle a laissé les consorts de Viktor Lazlo au bord de la route qui mène au panthéon…

Et nous connaissons tous Loana, Nabilla et Zahia… qui, bien qu’ayant fait des mois de une sur tous les tabloïdes et au-delà n’ont jamais reconnu le succès que leurs maisons de production auraient aimé leur voir endosser… elles ont fini par retomber dans le vide galactique de l’anonymat d’où elles avaient émergé…

La gloire a ses caprices, ses fortunes… et ses infortunes…

Il arrive, à l’inverse, des Johnny Depp… qui, dès leur arrivée en scène choisissent leurs rôles à leur guise et font plein centre à chaque coup quoi qu’ils entreprennent… et ne semblent pas avoir eu à se construire pierre après pierre une carrière telle la talentueuse et belle Meryl Streep… ou le monstre sacré qu’est Jack Nicholson…

On trouve, pêle-mêle, sur la route de la renommée les Cher, qui oscillant entre la musique et les plateaux de cinéma, connaissent les hauts et les bas… tout en revenant toujours au-devant de la scène et faisant une carrière plus qu’honorable…

Jesse CRAIGNOU

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Rédigé par Jesse CRAIGNOU

Publié dans #MUSIque - Française

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